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Le Sideswiper

 

Introduction

La simple clé également appelée "pioche" a été la première forme de manipulateur. Son utilisation très simple consistait à fermer un contact au rythme des signaux morse à transmettre. Ce mouvement vertical et saccadé du poignet durant des heures de trafic, combiné à la vitesse de manipulation entrainait une gêne de l'avant-bras, une crampe qui se soldait souvent par une sorte de paralysie chez les télégraphistes professionnels.

Le Sideswiper

C'est en 1888 que Jesse H. Bunnell proposa sa clé "Sideswiper" (ou "double speed") afin de palier ce problème. Egalement appelée lame de scie, cootie, son principe est simple ; Le mouvement est horizontal et la clé est munie de deux contacts placés de part et d'autre d'un levier se déplaçant latéralement. La manipulation s'effectue en plaçant la palette entre le pouce et l'index, sans toucher celle-ci. En observant un mouvement pendulaire avec le poignet, le pouce et l'index viennent tour à tour frapper la palette.

 

S'équiper

Dans le commerce, La série ST de Bencher (exemple le ST2 = chromé) ou le vibrokeyer de Vibroplex conviennent parfaitement. Le Bencher possède deux palettes (mais solidaires à la différence du modèle iambic BY) alors que le Vibroplex, une palette ovale pour le pouce et un bouton pour l'index, le tout sur le même levier. Kent propose le SP1, simple palette, excellent aussi pour cet usage.

Le Sideswiper
Le Sideswiper
Le Sideswiper

On peut également concevoir son manipulateur et l'on trouve bien des réalisations à base de lame de scie.

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Pour ma part, j'ai longtemps utilisé un double contact iambic "premier prix", modifié de telle sorte que les deux leviers étaient solidaires, enserrant une lame de scie servant de ressort. Utilisant un seul des deux pivots d'origine et ne fixant qu'une palette sur l'ensemble, le résultat n'était pas mauvais du tout.

 

Vous pouvez aussi opter pour une clé sensitive. Le principe est différent de celui qui consiste à actionner un contact électrique mécaniquement. L'effleurement d'une palette métallique est détecté par effet capacitif et converti en un contact électrique qui durera aussi longtemps que le doigt restera sur la palette. Pas de mécanisme risquant de se dérègler, ni de contacts risquant de se salir ou de s'oxyder.

La réalisation du circuit est simple pour qui a l'habitude des composants CMS. Vous pouvez trouver facilement des schémas permettant de construire ce genre de manipulateur sensitif (par exemple sur le site de M0UKD) ou encore acheter le circuit tout fait. Il s'agit en général d'un circuit doublé (coté points + coté traits pour permettre l'emploi avec un keyer) mais rien n'empêche de n'utiliser que la moitié pour un usage en sideswiper.

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Après avoir construit une version personnelle qui supportait malheureusement très mal la HF, j'ai finalement opté pour le modèle p3w de cwtouchkeyer (plus distribué aujourd'hui) qui donne d'excellents résultats. Je lui ai confectionné un blindage à base de portions de plaques cuivrées et placé le tout avec sa pile dans un boitier plastique.

La palette sort de l'ordinaire, n'est-ce pas ?
C'est une cuillère à café qui devait avoir une fonction provisoire le temps d'essayer une idée que je souhaitais mettre en oeuvre:
La position naturelle du poignet lorsque l'avant bras forme un angle avec le bras, est verticale. Pourquoi ne pas essayer une palette placée horizontalement en la faisant dépasser du rebord d'une table, par exemple.

L'expérience est très intéressante, encore plus si l'avant bras ou le coude repose sur un accoudoir de fauteuil de bureau. Le mouvement de balancier est plus naturel avec le poignet en position verticale, l'index vient toucher le dessous de la clé et le pousse, le dessus.

C'est là que la petite cuillère est devenue solution définitive. Le pouce vient sur la partie concave alors que l'index vient sur la partie convexe, c'est ergonomique et je n'ai pas trouvé mieux.

En prime, il est possible d'utiliser cette clé horizontale comme une simple pioche pour adopter une vitesse plus lente, et ça marche !

 

Branchement

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Sur un modèle du commerce, les bornes de branchement sont en général dissociées de manière à permettre l'utilisation d'un circuit électronique point/trait (mais non iambic car le levier unique ne permet pas de pincer les deux contacts).

Pour l'usage en sideswiper, il suffit de relier (court-circuiter) les deux bornes reliées aux contacts. Le cordon de liaison à l'émetteur sera alors connecté à ce "strap", sa masse (ou le deuxième fil) reliée à la troisième borne du manip. Pour les modèles dont le cordon est fourni et déjà relié, les deux fils correspondant aux contacts seront soudés ensemble au niveau de la fiche jack, sur la borne correspondant à l'âme de la fiche. Le troisième fil (ou la tresse de masse) relié au bras du manipulateur sera connecté à la masse de la fiche jack.

Réglages

Le Sideswiper
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Quel que soit le manipulateur, les contacts seront réglés avec un jeu minimum, sachant qu'il s'agit là d'un premier ajustement que l'on aura tendance à réduire encore par la suite. Le réglage du ou des ressorts s'imposera par la pratique selon la préférence de chacun. (une tension faible ou moyenne suffit)

 

Manipulation

La manipulation consiste à opérer un mouvement de balancier tel que le pouce et l'index viennent frapper tour à tour la clé.

Commençons par une série de points. Les espaces et les points sont égaux en durée.

L'index vient frapper la clé, puis le pouce à son tour, puis l'index etc... L'espace entre le pouce et l'index ne varie pas. Les doigts ne sont donc pas collés à la clé.

Si l'avant bras peut être en appui sur la table, c'est lui qui décrit une légère rotation d'un coté ou de l'autre. Le poignet fait alors corps avec l'avant bras mais ne travaille pas latéralement.

Si le manipulateur est placé avec peu de distance entre bord de table et clé, c'est alors le poignet qui sera en appui et le mouvement sera légèrement différent. Le poignet se déplacera latéralement beaucoup plus que dans le premier cas.

Avec un peu d'exercice, on parvient à entendre des points entrecoupés d'espaces même si la régularité n'est pas encore là. Elle viendra naturellement avec la pratique.

quand ce mouvement est acquis, il est alors facile de prolonger chaque contact en essayant de conserver les espaces courts comme pour les points. On réalise alors une série de traits. Ces derniers doivent être trois fois plus longs que les espaces. Rien ne s'oppose à varier traits et points à présent.

(Dans les lignes qui suivent, le point sera représenté "di" et le trait "dah". Un F sera noté "di di dah dit", par exemple).

Essayons une lettre, le C. Commençons par l'index : dah, puis le pouce : di, index : dah, pouce : dit. Cette lettre se termine donc par le pouce dans ce cas.
Essayons maintenant de commencer cette lettre par le pouce; il est important de travailler les lettres en alternant le départ par le pouce ou par l'index :
Lorsque que l'on tapera un texte, il sera alors possible de débuter n'importe quelle lettre par le pouce ou l'index sans y penser, naturellement.

En enchaînant plusieurs lettres, par exemple CQ, si l'on commence par l'index, le C se terminera par le pouce et la lettre Q débutera par l'index. Dans le terme RIG, le R se terminera par l'index et le I commencera par le pouce. On comprend facilement que selon les lettres à taper, le point de départ sera indifféremment l'index ou le pouce. Ainsi un mot débutera lui aussi de ces deux manières.

Essayons avec notre propre indicatif. Commençons avec le pouce puis l'index. Il y aura une différence entre les deux "versions" (régularité et espaces) mais elle disparaîtra rapidement.
(Bon courage pour ceux qui ont l'habitude du iambic! Il y a une réelle difficulté à se séparer définitivement du réflexe "pouce pour le point, index pour le trait". Il est plus facile de démarrer de zéro sans jamais avoir eu d'expérience iambic ou vibro)

On a donc un mouvement de balancier, régulier. On module les intervalles en fermant plus ou moins l'espace entre le pouce et l'index (s'il est trop faible, les espaces seront trop courts) et la vitesse, en accélérant plus ou moins le mouvement.

Après quelques heures seulement, les quelques lettres du départ deviennent des textes entiers, d'une manipulation régulière, souple et non crispée avec l'impression que l'on pourrait manipuler ainsi des heures.

Entraînement

Une astuce : S'enregistrer sur un magnétophone lors de l'entraînement à la manipulation. Cela permet d'apprécier les défauts de régularité et ainsi d'apporter des corrections au fur et à mesure de la progression. Il est possible de comparer par la suite les résultats et constater les progrès effectués. C'est aussi un bon moyen de travailler la lecture au son.

Le Sideswiper

Une autre : Utiliser le logiciel CwGet de UA9OSV comme "moniteur".
Il est nécessaire d'avoir une carte son sur son pc et d'y relier la sortie HP du transceiver. Bien sûr, d'autres logiciels pourraient convenir mais celui-ci est vraiment très simple et gratuit. Il sert à décoder la télégraphie. Ainsi, on peut tester sa propre manipulation et voir la régularité des signes manipulés grâce à une sorte d'oscilloscope. Lorsque les lettres sont correctement faites, le programme les décode. Cliquez ici pour télécharger le logiciel.

A noter : deux logiciels interessants pour l'entrainement à la lecture au son, CW Player de F6DQM (très facile et paramétrage direct) et Proff Morse de F8BYC (entraînement "examen"). Ils ont tout deux le mérite d'être en Français et d'être libre.

Conclusion

On peut manipuler ainsi avec une grande régularité et atteindre rapidement une vitesse tout à fait honorable (très facilement 30mots/mn). Quel plaisir de manipuler entièrement manuellement sans l'assistance d'un "keyer", (bref un générateur de points et de traits dont la régularité électronique est si impersonnelle).

Cette "musique" devient alors votre signature car, même si vous vous appliquez à être très régulier, il y a toujours votre "manière" de manipuler qui transparait, cette différence qui fait que les opérateurs les plus aguérris vous reconnaitront sans avoir à entendre votre indicatif !

 

Glossaire

Iambic

Un manipulateur électronique ou "keyer" permet de générer des points ou des traits automatiquement.

Le mode iambic permet de simplifier la manipulation en générant une alternance de traits et de points lorsque les palettes sont simultanément appuyées.

Exemple de la lettre C _ . _ .
Appelons le trait "dah" et le point "dit".

On commence avec le dah
pendant l’exécution du dah on appuie sur le dit (donc la clé est pincée, les deux palettes sont appuyées).
Il se produit alors un dah suivi d'un dit et c'est le moment choisi pour relâcher les palettes qui déterminera la fin de la lettre. En effet, si les palettes sont maintenues appuyées, l'alternance trait point continuera indéfiniment.

en mode A : il faut attendre le dit suivant le second dah pour relâcher la clé (les deux palettes).
en mode B : il faut relâcher la clé (les deux palettes) durant le deuxième dah pour que le second dit soit généré.

On voit l'intérêt du mode B qui génèrera automatiquement le signe opposé à celui transmis au moment de relâcher la clé.

Transceiver

Ce mot est directement tiré de l'anglais et est couramment utilisé dans le monde radioamateur pour évoquer un émetteur-récepteur.

Il résulte d'ailleurs de la compression entre Transmitter et Receiver.

Vibro

Un coté points toujours actionné par le pouce. L'index forme les traits comme avec une pioche donc entièrement manuellement.
Pour les points, il suffit d'appuyer sur la palette avec le pouce et ceux-ci sont générés automatiquement, grâce à un système mécanique formé d'un ressort et d'un axe muni d'un contre-poids.

 

Vibro ou bug

Voir le Menu, Télégraphie, "Les manipulateurs", pour plus de précisions.

Quelques manip

Les manipulateurs

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